Une petite fable qui allie nostalgie du baseball à Montréal et t-shaping.
Alain
Ti-cul, Alain était fanatique de baseball. En particulier des Expos. Il collectionnait toutes les séries de cartes. Connaissait les statistiques aussi bien que certains commentateurs. Il possédait même les casques de crème glacée à l’effigie de toutes les équipes du circuit. Quand Alain s’investissait dans un sujet, il le faisait à fond.
Dans les grandes ligues
Avec ses bonnes notes au Cégep, Alain avait décroché un stage chez le plus grand assureur au pays.
Par sa rigueur et son souci pour la qualité et il avait était mis responsable de la livraison d’un des premiers systèmes critiques de l’organisation tôt dans sa carrière.
L’assureur, lui, n’avait cessé de croître par la suite. Les systèmes s’en sont retrouvés complexifiés sous une pluie d’acronymes de trois lettres(CRM, CMS, ERP, etc.) et les rôles multipliés dans ceux de deux lettres (PO, PM, SM, QA, BA, FA, etc.).
Devant plus en plus en plus de complexité et de spécialisation, coder c’était terminé pour Alain. Il était responsable de la qualité! Quoique la qualité, elle semblait toujours une définition variable selon les gens en poste.
Avec temps, l’état du logiciel en avait pris pour son rhume. La réputation du groupe aussi. Autre fois un système phare de l’organisation, ils avaient maintenant de la difficulté à garder les gens de qualité en place. Et que dire d’en recruter…
Même les directeurs jouaient à la chaise musicale. Chacun clamant posséder une baguette magique capable de tout régler
🪄 Externalisation 🪄ré-écriture 🪄framework magique, 🪄 etc.
Leur plus grand tour de magie: faire apparaître de colossales sommes d’argent, pour ensuite la faire disparaître tout aussi vite 🪄 Tadam! 🪄
Résultat: Alain était tranquillement devenu un cynique de classe mondiale. Peut-être, même, un champion du monde.
Le coup de batte au visage
4 mois après son arrivée, un nouveau gestionnaire flambant neuf rencontra Alain pour son évaluation annuelle. Sa 22e…
Alain se souviendra toujours du feeling de recevoir un coup de batte au visage en lisant la phrase: N’atteins pas les objectifs.
Son nouveau “mec en veston” commença à lui déballer son “plan de recalibration de la performance”. Alain en a eu assez. Il s’excusa, se leva et quitta.
L‘équipe à Gilles
À la cafétéria, il croisa Sylvie, une de ses collègues du passé. Elle lui suggéra de rencontre Gilles, son ancien lead. De son côté, il souhaitait monter une équipe. Peut-être que le changement d’air lui ferait du bien.
Ses premières présences au bâton
À première vue, dans l’équipe à Gilles, ça ne semble pas vraiment mieux. La distance et la tension étaient palpables entre les devs et les QA dès son Daily Scrum. Un beau 45 minutes connecté à Teams qu’il ne reverra jamais…
Et oui, ça recommence!
Quelques semaines après son arrivée, une discussion s’enflamme entre un dev et un analyste au sujet d’une fonctionnalité quelconque. Alain en a marre et commence à faire autre chose. Checkout complet. À un moment, par pur réflexe, Alain réagit à une explication de l’analyste:
C’est pas du tout comme ça que ça fonctionne!
Le silence s’installe sur l’appel. Nadine, la ScrumMaster, brise le silence en demandant:
Merci Alain…, pourrais-tu maintenant nous partager pourquoi?
Malaise total. Alain avait complètement oublié qu’il était encore sur l’appel avec le micro ouvert…
Il avale sa salive et commence à s’expliquer. À partager comment le système en question fonctionne réellement. Les besoins originaux, les compromis et pourquoi il en est aujourd’hui ainsi. Il répond à leurs questions et les mets en contact avec les bonnes personnes pour poursuivre les discussions.
L’analyste et le dev en question semblent avoir l’égo un peu heurté, mais prennent en considération plusieurs des éléments soulevés par Alain.
Le changement de vitesse
En aprèm, Alain reçoit un appel de la ScrumMaster. Elle le remercie pour son intervention du matin. Elle lui dit désirer voir beaucoup plus d’échanges de la sorte dans l’équipe. Ils explorent comment y arriver ensemble.
À la sortie de l’appel, ils conviennent d’explorer les rencontres de style 3 amigos sous le lead d’Alain pour voir si ça pouvait rapprocher les différents rôles.
Tranquillement, les autres QA et dev gagnent en connaissances des systèmes et des règles d’affaires.
Doucement, la flemme d’Alain se rallume. Il commence à collaborer de plus en plus avec des devs. Un d’eux l’encourage à faire une demande pour obtenir un setup de dev et de commencer à faire des tests en local sur sa machine…Comme dans l’temps! On lui accorde immédiatement, même si c’est le seul QA le l’entreprise à faire quelque chose de la sorte.
Dans une rencontre 1on1, il suggère à son gestionnaire d’aller chercher de l’aide dans son ancienne équipe pour mettre en place des outils pour faciliter les tests. Après négociations entre gestionnaires, un peu plus d’automatisation se met tranquillement en place. Alain gagne en confiance et en influence.
Le climat de travail s’améliore lui aussi. La tension fait place à la camaraderie. Les bogues quant à eux se font de plus en plus rares. On sent les gens plus alignés sur les objectifs d’équipe et sur les connaissances des systèmes.
De temps en temps, Alain sort un lapin de son chapeau sous la forme d’informations sur certains systèmes, en trouvant un bug auquel personne n’aurait pensé ou simplement en mettant les bons gens en contact.
Lors d’une des rétros, Nadine la ScrumMaster propose à l’équipe une activité de reconnaissance entre les équipiers.
Parmi les Post-its, celui-ci apparaît au tableau

Alain le magicien
Lors du partage, plusieurs ont supporté l’idée en en expliquant comment Alain apportait le bonheur au travail avec ses différents “tours de magie”. Et la plupart du temps, en laissant les autres se demander comment il avait encore fait.
Si vous lui demandiez, Alain aurait répondu qu’il n’aimait pas l’étiquette. Mais quelque part, au fond de lui-même, il aimait le fait d’être un rare équipier avec ce son propre surnom. Un peu comme ses héros de jeunesses. “Le kid” Gary Carter, “le chat” Andres Galarraga ou “le rock” Tim Raines.
On avait maintenant Alain “le magicien”. Lui qui tout ce temps avait plus d’un tour dans son sac. Il fallait simplement lui permettre et l’encourager à les démontrer!
Fin.
Et maintenant, pour un brin de nostalgie
